
Je me souviens encore de cette étrange affaire qui nous mena, par un matin brumeux, au cœur des montagnes suisses. Rien ne laissait présager que, derrière ces falaises abruptes et ces forêts épaisses, se cachait un secret digne des plus fines tables du monde.
Tout commença par une rumeur : dans une vallée retirée du canton des Grisons, au Val Mesolcina, une source d’eau chaude aux propriétés remarquables jaillissait des entrailles de la montagne. Mais ce n’était pas là une simple curiosité géologique. Non. Cette eau, pure et tempérée, servait de demeure à une créature d’un autre âge : l’esturgeon.

Les habitants du lieu, gens discrets, avaient entrepris de l’élever avec une patience infinie. Dix longues années s’écoulèrent avant que l’énigme ne se dévoile enfin : les esturgeons, baignés dans ce flot alpin, produisaient un caviar d’une finesse inégalée.
Ainsi naquit le caviar suisse, perle noire surgie des Alpes, fruit d’un improbable mariage entre rigueur helvétique et caprice de la nature. Aujourd’hui encore, lorsqu’on goûte à ce trésor, on ne peut s’empêcher d’entendre le murmure de la source et d’imaginer l’ombre d’un secret jalousement gardé.
